Véronique, aide-soigne désormais retraitée, partage son parcours professionnel de 30 ans au sein de l’Association.
J’ai commencé ma carrière d’aide-soignante au milieu des années 80. Après avoir passé sept années en clinique chirurgicale, j’ai ressenti le besoin de découvrir un autre environnement professionnel. C’est ainsi que j’ai entendu parler de l’ouverture d’un Service de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD) par les personnes qui s’occupaient de mes beaux-parents. Motivée par cette nouvelle opportunité, j’ai envoyé mon CV et j’ai été recrutée pour l’ouverture du SSIAD le 3 septembre 1991.
À cette époque, j’ai donc intégré la première équipe du SSIAD dans laquelle nous étions cinq aides-soignantes et une infirmière coordinatrice, prenant soin d’une vingtaine de patients à domicile. Nous parcourions de nombreux kilomètres chaque jour. J’étais la seule de l’équipe à assurer les tournées du soir. Néanmoins, la charge de travail était moins lourde qu’aujourd’hui car les pathologies de nos patients étaient moins sévères.
En 30 ans, j’ai été témoin de nombreux changements. Les effectifs des intervenants ont considérablement augmenté, tout comme le nombre de patients. Nous avons observé une évolution notable des prises en charge, avec davantage de bénéficiaires très âgés ou atteints de pathologies neurodégénératives. L’Association a également déménagé à quatre reprises et changé de nom autant de fois. Ces transformations ont parfois été compliquées, en particulier pour maintenir la cohésion d’équipe face à l’arrivée régulière de nouvelles collègues. Cependant, cela m’a permis de développer mes capacités d’adaptation.
Travailler à domicile me plaît particulièrement. Cela m’offre une certaine indépendance et autonomie dans mon organisation, tout en ayant le soutien d’une équipe. Les difficultés du métier, qu’elles soient physiques ou psychologiques, sont largement compensées par les rencontres et les apprentissages quotidiens.
Bien sûr, certains moments ont été plus difficiles. Le décès prématuré d’une collègue aide-soignante m’a profondément touchée ainsi que toute l’équipe. De plus, la création du Centre de Soins Infirmiers et l’organisation en hypersectorisation ont perturbé nos habitudes. Cependant, mon travail aux côtés des bénéficiaires est resté inchangé et j’essaie toujours de faire pour le mieux.
Le changement est souvent nécessaire, mais il n’est pas toujours facile à accepter. J’ai particulièrement apprécié de participer au projet de service et à l’élaboration du projet TEAM.
Ces deux dernières années, j’ai eu l’opportunité d’intervenir au sein des Équipes Spécialisées Handicap, notamment auprès d’un petit garçon. Cette expérience a été une grande nouveauté très enrichissante. Par ailleurs, j’accompagne parfois des bénéficiaires dans le cadre du Lien Social. Cela apporte de la diversité par rapport aux soins quotidiens, permettant de voir les gens dans un autre contexte.
Durant toutes ces années, mon métier d’aide-soignante m’a énormément apporté. Il m’a appris l’importance de l’écoute et m’a aidée à surmonter ma timidité. C’est une profession enrichissante sur le plan humain.
Aujourd’hui, je mesure la chance que j’ai de pouvoir partir à la retraite à 60 ans, même si ce sera difficile de ne pas penser à mes patients et à mes collègues…
Je vais profiter de mon temps libre : j’aime marcher, nager et bouquiner. Je prévois également de m’inscrire dans une chorale pour maintenir un lien social.
À mes collègues, j’aimerais dire : « Continuez à travailler ensemble ! Nous avons toujours besoin les uns des autres, pour apprendre et s’entraider. Gardez votre bonne humeur autant que possible !
Véronique,
Heureuse aide-soignante retraitée